Pétionville : De la villégiature au lieu de résidence privilégié
Autrefois connu sous le nom de « La Coupe charbonnière », en référence à son rôle de pourvoyeur de charbon de bois pour la capitale, Pétionville a connu une évolution remarquable depuis la deuxième moitié du XIXe siècle. Située à seulement sept kilomètres du bord de mer de Port-au-Prince, cette charmante localité est devenue une résidence privilégiée pour de nombreux Port-au-Princiens en quête de fraîcheur. Aujourd’hui, ces sept kilomètres sont entièrement urbanisés, et chaque jour, des milliers de Pétionvillois effectuent des migrations pendulaires entre leur domicile et leur lieu de travail, créant ainsi d’importants embouteillages le long des trois axes reliant Port-au-Prince à Pétionville : l’avenue Delmas, l’avenue John-Brown (également appelée Lalue) et la route de Canapé-Vert.
Construite sur une colline, Pétionville offre des rues commerçantes animées, telles que la rue Lamarre et la rue Grégoire, qui suivent le sens de la pente. Ces artères partent de la place Saint-Pierre, à proximité de l’église, pour descendre jusqu’à l’avenue Panaméricaine, qui prolonge l’avenue John-Brown/Lalue. On y trouve également des commerces et des restaurants dans les rues perpendiculaires, bien que moins nombreux. Le soir venu, Pétionville prend vie avec ses nombreux bars, restaurants, discothèques et galeries d’art de tous niveaux, dont les célèbres galeries Nader et Marassa, fondées par l’artiste Marie-Josée Gardère, qui exposent les talents artistiques haïtiens et font de la ville un véritable pôle culturel.
De la villégiature à la résidence permanente
Le développement de la culture du café sous le règne de Faustin 1er au milieu du XIXe siècle a apporté l’élan qui manquait à la ville, attirant les spéculateurs et les négociants. Grâce à son climat salubre, Pétionville est devenue la destination prisée des Port-au-Princiens, suivant la mode lancée par Faustin 1er. À la fin du XIXe siècle, de nouveaux aménagements ont incité les Port-au-Princiens fortunés à s’y installer définitivement, faisant construire de magnifiques villas dont quelques exemples subsistent encore aujourd’hui. L’utilisation de galets extraits de la ravine Millet, habilement assemblés à nu, a donné naissance à un style architectural caractéristique de Pétion-Ville.
Sites incontournables à visiter à Pétionville et ses environs :
- Grands hôtels et galeries d’art : Dans les années 1950, cinq grands hôtels parmi les plus luxueux du pays ont ouvert leurs portes à Pétionville. Les galeries d’art, dont les célèbres galeries Nader et Marassa, exposent les artistes haïtiens et ont valu à Pétionville le titre de « capitale culturelle » du pays.
- Laboule et Boutilliers : Les carrières de Laboule, situées au sud de Pétion-Ville, se poursuivent en direction de Boutilliers. Ces carrières, exploitées de manière anarchique, fournissent un sable presque pur constitué de carbonate de calcium, aux propriétés étonnantes, issues de la roche mère constitutive du morne.
- Le belvédère de Boutilliers : Érigé dans les années 1980 à 100 mètres d’altitude, ce belvédère offre un panorama époustouflant sur le golfe de la Gonâve, la ville de Port-au-Prince et la chaîne des Matheux. Par temps clair, il est possible d’apercevoir les lacs de la plaine du Cul-de-Sac et même la frontière avec la République dominicaine.
- La route de Fermathe : Après Carrefour-Laboule, la route traverse les quartiers résidentiels de Thomassin avant de s’élever de nouveau. Elle offre une vue imprenable sur la rivière froide en direction de Fermathe, où se trouvent la mission Baptiste et le Parc national historique.
- Le parc national historique : Les forts Jacques et Alexandre font partie du système défensif édifié au lendemain de l’indépendance d’Haïti. Ces fortifications, objet d’un véritable culte patriotique, sont un symbole important pour les Haïtiens et font l’objet d’une fête foraine annuelle le 18 mai, jour de la création du drapeau.
- La mission Baptiste de Fermathe : Fondée en 1950, cette mission regroupe un hôpital, une église paroissiale, une école professionnelle, une serre produisant des plantules pour les paysans, un restaurant, un magasin de fruits, légumes et plantes d’ornement, une boutique d’artisanat et un petit musée d’histoire. La famille Turnbull, à travers le Mountain Maid Self-Help Project, œuvre pour l’autosuffisance des paysans et contribue au développement de la région.
- Le groupe de Saint-Soleil à Soisson-La-Montagne : Ce carrefour sur la route reliant Pétion-Ville aux hauteurs de Fermathe fut le théâtre d’une expérience picturale originale en 1971. Le groupe de Saint-Soleil, formé d’artistes vaudouisants, s’est adonné à une peinture libre et sacrée, créant ainsi un art unique qui a marqué l’histoire culturelle d’Haïti.
Pétionville, avec son passé riche et son présent dynamique, est un véritable joyau culturel à découvrir absolument lors de votre visite en Haïti. Des rues animées aux panoramas saisissants, en passant par les galeries d’art et les lieux emblématiques, la ville vous promet un séjour mémorable au cœur de la culture haïtienne.