Devant une poule, ravet jamais
N’eut raison. Ma grand’mère avait coutume
De dire souvent cela : eh ! bien, voyez
Si les propos d’autrefois ne sont pas vérité !
Un tout petit mouton, un jour,
Buvait de l’eau dans la rivière.
Au même moment, un énorme loup
Sortit du bois, pour boire aussi.
- Vous n’avez jamais vu cette bête-là, vous autres ?
Figurez-vous un chien sauvage, qui serait
De la grosseur d’un jeune bourriquot !
C’est son nom qu’on a donné aux loups-garous. -
Et donc ce loup, depuis trois jours,
Etait en fringale.
- Connaissez-vous du monde en proie à la colique ?
Aussi blême était son visage ;
Sa gueule était sèche, comme du café
Qui est au seoleil ; quant à ses dents,
Elles avaient cette longueur ! Ses yeux étaient plus rouges
Qu’un brasier de feu.
Enfin, de plus avide que celui-là,
Il n’y en a point. - Quand il vit le petit animal,
Si tranquille, si candide.
Penché sur l’eau, pour y boire,
Le gaillard se trouva content, au point
De faire le signe de la Croix.
Il dit : Merci, mon Dieu !
(Les bandits de la pire espèce
Sont ceux qui, comme les gens de bien,
Invoquent le nom de Dieu, pour s’en jouer.)
Avant que l’agnelet n’eût flairé
Seulement son haleine, le loup bondit
Sur les galets. - Tonnerre ! F... !
(Faites excuse, mes maîtres et la compagnie !
Vous savez : les gens qui détiennent un bout
D’autorité,
Ne sont jamais chiches de ces termes-là,
Et le loup, dans la gent animale,
Doit être pour le moins adjudant).
Adonc il dit au malheureux :
- Je -’ai vu, effronté ! insolent !
Sélérat !
Tu as craché dans l’eau que je bois ?
C’est une affaire que tu es venu chercher ?
Le mouton de dire : - hélas ! Monsieur,
Cracher là ? Comment l’aurais-je fait ?
Vous êtes en haut, et moi en bas.
- Silence ! Scrongnieugnieu ! Puis, ce n’est pas ça.
Pourquoi, l’année dernière, t’es-tu permis
De dire du mal de moi ? - Moi ? Monsieur,
L’année passée, je n’étais pas né !
- Cela veut dire que j’ai menti ? Si ce n’est
Toi, c’est ton père, ou bien
Ta mère, espèce de vagabond !
- Chef, je suis sans mère, ni père...
- Comment ? - Je suis enfant bâtard.
- Ah ! tu veux faire le fort-en-gueule ?
Voyez-moi donc cette tête ! Ca n’a pas encore
Fait ses dents, et ça tourne
En dérision les gens d’âge ! - Quel tourment
Est aujourd’hui le mien, ô mon Dieu !...
Je ne vous ai rien dit, Monsieur...
- Il n’y a pas de Monsieur ici ! Pardon,
Général ! - Te voilà devenu couard
A présent ; attends-moi ! Aussitôt : (gnan !)
Un coup de dent
A l’agnelet, derrière la tête,
Sur le côté, là où la chair est le plus tendre !
La pauvre petite bête fit seulement : Bèê !
Tout de suite elle tomba raide morte.
Vous croyez que le loup en laissa un morceau ?
Il prit tout, chair et os.
Et (Floup !) l’avala, comme un gombo !
N’eut raison. Ma grand’mère avait coutume
De dire souvent cela : eh ! bien, voyez
Si les propos d’autrefois ne sont pas vérité !
Un tout petit mouton, un jour,
Buvait de l’eau dans la rivière.
Au même moment, un énorme loup
Sortit du bois, pour boire aussi.
- Vous n’avez jamais vu cette bête-là, vous autres ?
Figurez-vous un chien sauvage, qui serait
De la grosseur d’un jeune bourriquot !
C’est son nom qu’on a donné aux loups-garous. -
Et donc ce loup, depuis trois jours,
Etait en fringale.
- Connaissez-vous du monde en proie à la colique ?
Aussi blême était son visage ;
Sa gueule était sèche, comme du café
Qui est au seoleil ; quant à ses dents,
Elles avaient cette longueur ! Ses yeux étaient plus rouges
Qu’un brasier de feu.
Enfin, de plus avide que celui-là,
Il n’y en a point. - Quand il vit le petit animal,
Si tranquille, si candide.
Penché sur l’eau, pour y boire,
Le gaillard se trouva content, au point
De faire le signe de la Croix.
Il dit : Merci, mon Dieu !
(Les bandits de la pire espèce
Sont ceux qui, comme les gens de bien,
Invoquent le nom de Dieu, pour s’en jouer.)
Avant que l’agnelet n’eût flairé
Seulement son haleine, le loup bondit
Sur les galets. - Tonnerre ! F... !
(Faites excuse, mes maîtres et la compagnie !
Vous savez : les gens qui détiennent un bout
D’autorité,
Ne sont jamais chiches de ces termes-là,
Et le loup, dans la gent animale,
Doit être pour le moins adjudant).
Adonc il dit au malheureux :
- Je -’ai vu, effronté ! insolent !
Sélérat !
Tu as craché dans l’eau que je bois ?
C’est une affaire que tu es venu chercher ?
Le mouton de dire : - hélas ! Monsieur,
Cracher là ? Comment l’aurais-je fait ?
Vous êtes en haut, et moi en bas.
- Silence ! Scrongnieugnieu ! Puis, ce n’est pas ça.
Pourquoi, l’année dernière, t’es-tu permis
De dire du mal de moi ? - Moi ? Monsieur,
L’année passée, je n’étais pas né !
- Cela veut dire que j’ai menti ? Si ce n’est
Toi, c’est ton père, ou bien
Ta mère, espèce de vagabond !
- Chef, je suis sans mère, ni père...
- Comment ? - Je suis enfant bâtard.
- Ah ! tu veux faire le fort-en-gueule ?
Voyez-moi donc cette tête ! Ca n’a pas encore
Fait ses dents, et ça tourne
En dérision les gens d’âge ! - Quel tourment
Est aujourd’hui le mien, ô mon Dieu !...
Je ne vous ai rien dit, Monsieur...
- Il n’y a pas de Monsieur ici ! Pardon,
Général ! - Te voilà devenu couard
A présent ; attends-moi ! Aussitôt : (gnan !)
Un coup de dent
A l’agnelet, derrière la tête,
Sur le côté, là où la chair est le plus tendre !
La pauvre petite bête fit seulement : Bèê !
Tout de suite elle tomba raide morte.
Vous croyez que le loup en laissa un morceau ?
Il prit tout, chair et os.
Et (Floup !) l’avala, comme un gombo !
🔗 Partager ce poème: